Les plages marocaines sont envahies par les déchets, malgré les efforts acharnés des équipes de nettoyage. « Que Dieu vous bénisse ; ramassez vos déchets, nous travaillons depuis quatre heures du matin … » Ces mots, prononcés par une agente de nettoyage à Salé, illustrent la détresse des travailleurs face à l’indifférence totale des vacanciers. Chaque été, ces plages deviennent le théâtre d’un combat quotidien pour la propreté et le respect de l’environnement.
Les plages marocaines sont depuis longtemps victimes d’une négligence chronique en matière de gestion des déchets, exacerbée durant les périodes de forte affluence. Selon les écologistes, cette situation résulte d’une « culture erronée chez les Marocains en matière de tourisme estival qui ne respecte pas le domaine public ni l’environnement ». Bien que des efforts considérables soient déployés par les équipes de nettoyage et les associations environnementales, les résultats restent décevants.
Les campagnes de sensibilisation, tant dans les médias que sur le terrain, semblent avoir peu d’impact sur le comportement des vacanciers. Les écologistes dénoncent une « contradiction » flagrante : malgré les messages répétés, nombreux sont ceux qui continuent à ignorer les consignes de propreté, compromettant ainsi la beauté des plages nationales et l’environnement. « Il serait nécessaire de passer à la phase de prise de mesures immédiates contre ceux qui portent atteinte à la beauté des plages nationales et nuisent délibérément à l’environnement », insistent-ils.
Salima Belemkaddem, présidente du mouvement Maroc Environnement 2050, appelle à un sursaut de conscience citoyenne : « L’exercice de la citoyenneté exige de concilier la demande de droits avec l’accomplissement des devoirs, y compris la préservation du domaine public, notamment en ce qui concerne sa propreté et sa durabilité optimale ». Elle souligne dans une déclaration à Hespress, que la pollution des plages est le reflet d’une culture de l’irresponsabilité qui s’étend aux parcs naturels, forêts et jardins urbains.
« Ces incidents sont devenus fréquents et ont été normalisés ; cependant, leur persistance pourrait rendre toute mesure future inefficace et peu fructueuse », ajoute-t-elle déplorant également que, malgré un soutien médiatique constant, les efforts de sensibilisation ne parviennent pas à changer les mentalités.
L’impact de cette négligence est grave. Les plages polluées risquent de contaminer les eaux marines et de provoquer des maladies parmi les vacanciers. Nadia Hmaity, activiste et chercheuse en environnement, partage cette inquiétude. Elle dénonce les pratiques des vacanciers qui laissent des tas de déchets dans les espaces naturels de baignade, en dépit des campagnes « Plages Propres » menées par les institutions nationales. Dans ce sens, Hmaity propose des mesures plus strictes pour lutter contre ce fléau.
« Oui à l’été, non au désordre et au non-respect de l’environnement », a-t-elle insisté. Elle suggère que les équipes de sécurité commencent par émettre des avertissements verbaux aux contrevenants, soulignant que « les campagnes de sensibilisation, même intensifiées, ne peuvent influencer positivement des mentalités indifférentes à la question des déchets ».
En somme, la bataille pour des plages propres au Maroc reste un défi majeur. Il est impératif que les vacanciers prennent conscience de leur rôle dans la préservation de ces trésors naturels et qu’ils adoptent des comportements responsables pour assurer un environnement sain et accueillant pour tous